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Lettre ouverte

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Courant octobre, sur l’antenne de France Inter, Nicolas Sarkozy, candidat à la présidence de la République française, a publiquement remis en cause l’implication de l’Homme dans le dérèglement climatique. Son affirmation va à l’encontre de 97 % de la littérature scientifique sur le sujet, et d’un consensus scientifique mondial synthétisé par le panel de près d’un millier de scientifiques du GIEC. Et qu’un journaliste généraliste ne trouve rien à redire à cette contre-vérité en dit long sur l’insuffisant niveau de connaissances des Français sur ces enjeux pourtant majeurs. Oui, le climat de la Terre n’a jamais cessé de changer par le passé, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’il ne l’a jamais fait avec cette ampleur ni cette vitesse depuis le début de l’histoire humaine. Et le fait qu’il y ait des fossiles dans le Sahara ne changera rien à cette réalité.

Le dérèglement climatique n’est pas une opinion, mais un fait. De même, il est avéré que cet emballement est lié aux activités humaines. Qu’une telle réalité soit niée par un candidat à la présidence, qui plus est un ancien président à l’origine du Grenelle de l’environnement, est extrêmement alarmant. Sa désinvolture vis-à-vis des connaissances scientifiques les plus reconnues trahit un rapport problématique au monde qui l’entoure. Comment peut-il renier une réalité qu’il a lui-même défendue ? Car, non, la science n’est pas une affaire de spécialistes travaillant en blouse blanche à l’écart du monde. La science est désormais au cœur de tous les débats de société : changement climatique, pesticides, vaccins, OGM, santé, nucléaire, énergies ou nanoparticules, la liste est longue. Et malgré cette omniprésence, les questions scientifiques ne sont toujours pas correctement appréhendées – voire même considérées – par les politiques ou les médias. Les propos climatosceptiques font irruption dans les colonnes des journaux, autorisés par des rédacteurs en chef peu sensibilisés aux modes d’élaboration des savoirs scientifiques tandis que les chercheurs ou les journalistes scientifiques peinent à faire entendre leur voix. Les enjeux scientifiques sont l’affaire de tous, car ils concernent l’avenir de l’humanité.

De fait, il ne faut pas négliger l’éducation des citoyens à la science, celle donnée à l’école, mais aussi dans les journaux, à la télévision, à la radio ou sur internet. Les journalistes scientifiques ont un rôle essentiel de ce nécessaire effort de pédagogie. A cet égard, voir disparaître une à une les émissions scientifiques sans qu’elles soient remplacées nous inquiète au plus haut point. Pour ne donner qu’un exemple, après « C’est pas sorcier », « On n’est pas que des cobayes », voilà que l’une des dernières émissions télévisées scientifiques françaises, Futuremag sur Arte, va prochainement disparaître.

Par cette lettre ouverte, nous dénonçons la dérive à laquelle nous assistons et appelons à une prise de conscience citoyenne, politique autant que médiatique.

Le bureau de l'AJSPI


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