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Microbiote, quels traitements et pour qui ?

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Compte-rendu du petit-déjeuner AJSPI/Inserm du 13 octobre 2016.

Karine Clément, de l’INSERM et qui dirige l’Institut de cardiométabolisme et nutrition (ICAN) à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, a rappelé l’importance du microbiote intestinal, autrefois appelé flore intestinale, dans le développement du système immunitaire, outre ses rôles déjà bien connus de protection contre les pathogènes, de digestion des fibres végétales, de synthèse de certaines vitamines et même dans le métabolisme des sels biliaires. Elle a ensuite détaillé quelques indices montrant qu’il peut aussi influer sur le métabolisme ou les maladies cardiaques. Ce microbiote se met en place très tôt, sans doute même in utero, et atteint un profil définitif et stable vers l’âge de trois ans, ce qui rend l’utilisation d’antibiotiques chez le bébé ou l’enfant en bas âge délicat. La diversité du microbiote est essentielle. Ainsi, 20 à 40 % des personnes obèses ont un microbiote très appauvri. De nombreuses recherches sont en cours pour voir de quelle manière il est possible de restaurer un « bon » microbiote pour soigner certaines maladies. Les expériences de greffe de microbiote pour corriger le diabète sont efficaces chez la souris, mais encore difficilement envisageables chez l’homme. Actuellement, seule l’infection intestinale par la bactérie Clostridium difficile, résistante à l’antibiothérapie, peut être traitée par un transfert de microbiote chez l’homme. Il faut dire que le transfert de microbiote n’est pas une opération simple : il faut d’abord totalement laver l’intestin avant d’introduire le microbiote, qui sera ensuite plus ou moins rapidement éliminé et reconquis par le microbiote « d’origine » du patient, ce qui implique de renouveler l’opération... Par ailleurs, les industriels doivent relever un défi technique de taille avant de pouvoir proposer des microbiotes aussi facilement qu’on propose aujourd’hui des médicaments : la culture de bactéries qui sont anaérobies et ne peuvent être cultivées qu’en absence d’oxygène.

Anne-Marie Cassard, chercheuse à l’INSERM et co-auteur du livre « Les bactéries, des amies qui vous veulent du bien », étudie les relations entre microbiote intestinal et inflammation du foie. Son travail vise à savoir comment ce microbiote intervient dans la forte différence de sensibilité du foie à l’alcool qui existe suivant les personnes (certaines ont un « foie de bébé » malgré une forte consommation d’alcool, d’autres à l’inverse développent des pathologies malgré une consommation modérée). Des expériences chez la souris montrent déjà que l’on peut conférer cette sensibilité à l’alcool par transfert de microbiote de personnes au foie lésé par la consommation d’alcool. Des bactéries ont été associées à un effet protecteur ou nocif pour le foie en cas d’exposition à l’alcool, mais il est encore trop tôt pour envisager de protéger contre la toxicité hépatique de l’alcool par une action sur le microbiote chez l’homme.

À voir également : La vidéo que nous avions faite en juin 2014 sur un sujet équivalent, avec Gilles Mithieux, directeur de recherche CNRS et directeur de l’unité « Nutrition et cerveau » (Inserm/Université Claude Bernard Lyon 1) et Karine Clément : vidéo


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